Chapitre 52 : Les égouts de la ville extérieure
Le centre-ville de Havenwright.
Au fond de la cathédrale Saint-Pierre, dans une pièce sobrement décorée, l’évêque avait les mains jointes et les yeux fermés, priant face aux fresques murales. Il semblait s’être transformé en statue. Sa bouche était fermée, sans le moindre signe de tremblement.
Soudain, un prêtre entra dans la pièce silencieuse.
« Le paladin qui avait été envoyé pour protéger Benjamin Lithur, la croix qui le représentait, a été brisée. Il est mort », dit-il à l’évêque qui priait.
L’évêque ouvrit les yeux.
« Est-ce l’œuvre de la Déchue ? » demanda-t-il, mais ce n’était pas une question. « Après nous avoir envoyé ce message, elle a quand même décidé de jouer son coup. Cherchait-elle simplement à détourner notre attention ? »
Le prêtre se figea, son expression trahissant son désaccord.
Il resta silencieux pendant un moment, puis secoua soudainement la tête et dit : « Je crains qu’elle n’ait pas cherché à détourner notre attention, elle et les membres de l’Académie du Silence ne sont pas d’accord. »
En entendant cela, l’évêque tourna la tête et regarda le prêtre, ses yeux calmes ne laissant transparaître ni joie ni colère : « Alors, le message qu’elle a fait transmettre par Benjamin Lithur a-t-il été vérifié ? »
Le prêtre se sentit observé par l’évêque. Sans savoir pourquoi, il se sentit soudain nerveux et ses paumes commencèrent à transpirer. Il avait l’intention de parler, mais pour une raison quelconque, il ne put prononcer un mot et se contenta d’acquiescer.
L’évêque se tut à nouveau. Il semblait réfléchir à la conduite à tenir après cela.
Voyant cela, le prêtre n’osa pas poser de questions. Il essuya silencieusement la sueur sur ses mains.
« Elle veut que nous nous occupions de l’Académie du Silence, après quoi nous n’aurons plus l’énergie nécessaire pour nous occuper d’elle », dit enfin l’évêque après un long silence, avec une pointe d’agitation, ce qui était rare. « Mais puisqu’elle nous a donné des détails sur l’Académie du Silence, nous ne devrions pas les gaspiller. L’Académie du Silence est arrogante depuis si longtemps, il est peut-être temps qu’elle goûte à la puissance de la Lumière Sainte. »
Le prêtre essuya la sueur sur son front et acquiesça.
Après réflexion, il demanda : « Alors… Benjamin Lithur, devons-nous le sauver ? »
L’évêque ne semblait pas très inquiet. Il fit un geste de la main et dit : « Le roi dispose toujours d’une équipe de « nettoyeurs », envoyez-les. Nous devons nous occuper de l’Académie du Silence maintenant, mais cela ne signifie pas que nous pouvons la laisser faire ce qu’elle veut. Nous ne devons pas agir de manière précipitée, mais une équipe de « nettoyeurs » devrait suffire à montrer que nous nous soucions toujours de Benjamin Lithur. »
Entendant cela, le prêtre acquiesça à nouveau.
Ayant posé toutes ses questions, il semblait soulagé. Il ferma la bouche et quitta la pièce.
Voyant cela, l’évêque se retourna vers les fresques représentant les « saints » Abraham, plongé dans ses pensées. Après un long silence, il laissa enfin transparaître une trace d’émotion humaine et soupira.
Au même moment.
À l’extérieur de la ville de Havenwright, l’atmosphère meurtrière dans le pub continuait de fermenter.
Après avoir tué le paladin, l’homme balafré ordonna à ses hommes de tuer le propriétaire du pub et le chef cuisinier. Ensuite, ils traînèrent Benjamin et Jeremy hors du pub par la porte arrière et s’enfuirent.
Benjamin ne pouvait s’empêcher de penser que ce pub appelé « Bonnie’s » n’aurait plus jamais de danseuses lapines.
Il ne s’inquiétait pas pour sa situation actuelle et ne protesta pas contre « l’invitation » de l’homme. Il n’essaya même pas de résister.
Au début, lorsqu’il avait appelé le paladin à l’aide, il n’était pas prêt à laisser vivre l’homme balafré. Sa main gauche tenait secrètement son pistolet dans le creux de son dos, prêt à appuyer sur la gâchette dès qu’il en aurait l’occasion.
Mais il changea rapidement d’avis et lâcha même son pistolet.
Car il avait remarqué un homme.
À environ cent quatre-vingts mètres, il y avait un homme très maigre, et c’était l’assassin qui avait voulu le tuer la nuit où il était revenu dans la famille Lithur. Bien que M. Assassin portait un masque ce jour-là, Benjamin avait pu le reconnaître grâce à son visage couvert de taches de rousseur et à ses yeux expressifs.
C’était bien lui ! Lorsqu’il l’avait découvert, il avait été choqué.
Après tout ce qu’il avait traversé, il avait presque oublié cette personne. Il ne pouvait pas croire que cet homme réapparaissait et était devenu le larbin de l’homme balafré. Benjamin ne pouvait s’empêcher d’être choqué. Le destin était une chose mystérieuse.
Était-ce une coïncidence ? Ou y avait-il quelqu’un derrière tout ça ?
Intentionnellement ou non, Benjamin voulait juste savoir qui avait envoyé cette personne pour le tuer.
Bien que cette question ait été oubliée depuis longtemps, qui savait si elle ne referait pas surface à un moment crucial pour porter un coup fatal à Benjamin ? Maintenant qu’il avait enfin l’occasion de trouver la réponse, il n’allait naturellement pas la laisser passer.
Ainsi, après que le paladin eut été abattu, Benjamin ne fit rien. La raison était simple : le paladin que l’Église avait envoyé pour le protéger était mort, ce qui signifiait qu’il était désormais libre d’utiliser la magie. Puisqu’il pouvait utiliser la magie, avait-il encore à craindre ce chef de bandits ?
Pourquoi ne pas simplement le suivre, peut-être aurait-il l’occasion d’interroger cet assassin.
À vrai dire, cet homme balafré ne lui ferait aucun mal, car il avait encore des questions à lui poser !
La situation semblait être revenue à ce qu’elle était lorsqu’il était avec Michelle. Comme il avait de la valeur pour Michelle, elle ne l’avait pas tué. Il était pareil pour l’homme balafré, donc il ne le tuerait pas.
C’était la deuxième fois que Benjamin était kidnappé, il avait de l’expérience en la matière.
Il ne pensait pas avoir commis la même erreur que le paladin en sous-estimant l’ennemi. Il observa très attentivement l’homme balafré. En fait, cet homme n’était pas aussi féroce qu’il en avait l’air. Au contraire, il était très rusé.
Il avait fait semblant d’être stupide depuis le début. Même si le paladin était assez prudent, il n’avait pas été assez vigilant et avait montré ses points faibles.
L’homme balafré en profita pour tirer rapidement son arme. Sans trop viser, il réussit à transpercer le cœur du paladin. Encore un fou qui se promenait avec une arme sans assurance.
De plus, son tir était aussi précis que s’il avait utilisé un aimbot. (un cheat dans les jeux de tir ou ça vise automatiquement la personne sans louper une balle)
Il n’était donc pas étonnant que le paladin soit mort si soudainement. Il n’avait pas eu le temps de réagir.
Depuis le moment où les deux hommes se sont rencontrés jusqu’à la mort du paladin, l’homme balafré a mené une guerre psychologique magistrale.
Ceux qui possèdent cette capacité ne sont pas imprudents, c’est pourquoi l’homme balafré ne blessera pas Benjamin sous l’impulsion du moment. Bien sûr, cette ruse rendra la vie de Benjamin plus difficile, mais même ainsi, il lui était impossible de savoir que Benjamin connaissait la magie, n’est-ce pas ?
Pour être honnête, ce chef de bandits savait-il seulement ce qu’était la magie ?
Comme le dit l’adage, celui qui en sait le plus gagne. Il en était de même lorsqu’il avait affronté Michelle, et il en serait de même avec l’homme balafré.
Bien sûr, il y avait une autre raison pour laquelle il n’avait pas utilisé la magie sur le champ pour résister.
Il y avait beaucoup de monde dans le pub. Il pouvait certainement se protéger avec la magie, mais il ne pouvait pas garantir qu’il pourrait tuer tout le monde. Si quelqu’un parvenait à s’enfuir, le secret de ses pouvoirs magiques serait révélé.
Il devait être prudent lorsqu’il avait affaire à l’Église.
Après mûre réflexion, il décida donc de suivre l’homme balafré. Il prit un air inoffensif, ne montra aucune résistance et se rendit docilement à la « maison » de l’homme balafré.
En tant que chef de bandits le plus puissant du royaume, la « maison » de l’homme balafré n’était pas à la hauteur de sa renommée.
Sa soi-disant maison était en fait les égouts.
L’air était pollué dans les égouts de la banlieue, mais cela lui permettait d’accéder facilement à tous les quartiers de la ville, ce qui convenait parfaitement à un homme comme lui. L’homme balafré emmena ses sbires dans un coin isolé de la rue. Ils écartèrent un vieux lit cassé pour révéler l’entrée des égouts.
Puis ils sautèrent à l’intérieur un par un.
Benjamin n’avait pas peur. Il était même curieux et sauta rapidement à son tour.
Quant à Jeremy…
En chemin, Jeremy était tellement effrayé qu’il se mit à crier. L’homme balafré l’assomma d’un seul coup de poing et le porta sur ses épaules jusqu’à destination. Une fois dans les égouts, il fut jeté à terre. Au bout d’un moment, il se mit même à ronfler.
Benjamin ne put s’empêcher de trouver cela drôle et ne fut plus en colère contre Jeremy.
Bientôt, il n’avait plus l’énergie de prêter attention à Jeremy.
Il devait utiliser toute son énergie et activer toutes ses cellules grises pour faire face avec prudence à cet homme à la cicatrice au couteau, d’apparence cruelle mais en réalité rusé.
« Bon, écoutez… Maître Benjamin, nous pouvons maintenant parler de cette femme. »
L’homme balafré renvoya ses hommes. Il s’avança vers Benjamin, se frotta les mains et dit avec un sourire sinistre :